Daniel Daniel
C’est en disciple de Deleuze et Guattari que Daniel Daniel – dont le patronyme bégaie, le sème boursoufle – déterritorialise tant et plus. Il cultive le rhizome jusqu’aux frontières les plus cardinales de son champ lexical – et entendons ici lexical dans sa signification la plus imagée donc la plus physique. Est, ouest, nord, sud, il laboure à tout va la moindre parcelle de terreau mental que l’on indexe vulgairement du terme d’imagination. Entendons imagination (l’imaginatio davincienne) par faculté de l’esprit qui permet de représenter les images, c’est-à-dire une puissance de l’artefact érigée en tant que théorème plastique, donc existentiel. Et Deleuze et Guattari sont rejoints en ce chemin tout quantique et pavé de bonnes inventions par Sartre qui n’en demandait pas tant. Des perceptions sensorielles peu communes – 8,99 sur l’échelle établie jadis par Ruskin – alliées à des capacités réflexives hors normes font de Daniel Daniel l’expérimentateur idoine, hic et nunc, de l’esthétique kantienne. Une esthétique qu’il fait progresser grâce à l’exercice quotidien du ridere maximus – ce que le populaire appelle trop facilement le rire gras – dont il est le recordman du monde en salle, rappelons-le aux plus novices. Daniel Daniel exécutera ces quelques petites expériences de manipulation de neurones coloriées à Dudelange en septembre prochain.
Jacques Umuhl (UFR Arts plastiques et Sciences de l’Art, Paris 1)
Daniel Daniel réalise des numéros hors du commun en quelques tours de manipulation plastique. Des arbustes murmurent, des sous-bois tremblent, des nains multicolores font apparaître des cœurs fraîchement cueillis. Daniel Daniel raconte des histoires à dormir debout, à veiller couché, avec un peu d’eau colorée, des métaux à moteur, des papiers filmés. Cela fait plus de cinquante ans qu’il a pris un aller simple vers un pays inventé de toute pièce à bord du train fantôme qui tourne sans cesse dans sa tête. (F.L.)
www.danieldaniel.be