Elodie Antoine
Artiste plasticienne
Sculptures textiles, feutres, travaux d'aiguille
Elle invente des objets hybrides mêlant des éléments issus d'univers dissemblables, voire contradictoires; un rouge à lèvres en forme de mèche à béton, des centrales nucléaires en dentelle, une culture de bacilles en broderie, des tuyauteries en feutre ou des usines en tissus matelassés...
Dans ses installations il arrive qu'un élément se reproduise jusqu'à coloniser l'espace -des champignons textiles dans une forêt à Zwalm, ou même les moulures d'un plafond. Ses éléments ordinairement inanimés se voient dotés d'une vie propre, contaminent l'espace comme le ferait un champignon, une moisissure, bousculant l'ordre établi et suscitant des sentiments tour à tour de curiosité, d'attraction et de répulsion.
Ainsi, le travail de Elodie Antoine pourrait bien rejoindre les problématiques du « posthumain » car il pose en effet la question du clonage par l’hybridité des formes présentées. Et les objets qu’elle conçoit, même s’il ne s’agit pas de machine, semblent doués qu’une vie qui leur est propre. Or il est à remarquer que si ce travail entretient une connivence avec l’idée de mutation - à laquelle s’ajoute une large dose d’onirisme issu de l’héritage des surréalistes qui furent nombreux à travailler à la déformation de l’objet domestique -, les œuvres d’Elodie Antoine ne présentent jamais un caractère morbide. Travaillant constamment sur le principe de contradiction, si cellules proliférantes il y a, c’est en tissu rose qu’elles seront recouvertes, évacuant ainsi la tendance spectaculairement facile qu’ont certains artistes à jouer sur la corde du sordide. Molécules incertaines qui composent un micro-univers, les formes d’Elodie Antoine questionnent le devenir de l’humanité en dialoguant gaiement avec l’espace d’exposition.
Nathalie Stefanov, 2009
www.elodieantoine.be