Franck Miltgen
Artiste plasticien
Tableaux sculpturaux, installations, différentes techniques plastiques novatrices
Les approches plastiques de Franck Miltgen sont multiples (cette exposition en présente trois), elles ont en commun une recherche constante sur les relations entre la matière, le matériau mais aussi la présentation et l’application de ceux-ci.
La série des Extrusions est emblématique pour un travail qui effectue tant un retour aux sources du matériau qu’il en rend possible une perception nouvelle.
Dans une démarche opposée aux Chimigrammes de Pierre Cordier, Franck Miltgen découvre du matériau et le révèle dans un état brut, inédit. Le point de départ est comparable aux affiches lacérées de Raymond Hains, mais aussi aux pratiques de décollage. Par contre, le matériau que Franck Miltgen récupère sur les façades urbaines n’est pas en papier, mais forme des plaques de couches de couleurs synthétiques superposées.
Il s’agit en fait de matériau récupéré sur des murs peints et repeints par des grapheurs. Ces spots sont des lieux où s’accumulent des graffitis, parfois en dialogue, parfois en concurrence. Cela peut produire des couches épaisses de peinture murales superposées. En décapant des plaques entières de ces strates de peinture accumulée, Franck Miltgen obtient son matériau de base qu’il commence à poncer. A partir de là, ce travail de ponçage peut révéler des motifs colorés aussi inattendus que fascinants.
Cette méthode aboutit à la série des Extrusions, qui sont composées de différentes plaques de couleur ou de pièces uniques, et qui proposent une géologie des formes et une tectonique de la composition dont les rapports de force associent attrait et irritation visuels.
Un autre travail sur la couleur et ses métamorphoses est le point de départ de la Membran painting. Les motifs psychédéliques obtenus par coulis de couleur acrylique n’ont plus de véritable support. Il s’agit plutôt de couleur pure, d’une peau restée flexible, dont la porosité subsiste et rend possible un flux de passages et de fusions multiples et polyformes.
Cette alternance de la perception que recherche Franck Miltgen se transpose également dans les effets de lumière, produits par les artifices du rétroéclairage, contrastant avec la perception en éclairage frontal. Ces objets plastiques oscillent entre la permanence de la fixation de la couleur et la variabilité d’un regard qui se perd dans les détails d’un maelström coloré. Il s’agit d’une nouvelle variation de la recherche structurale, d’une microstructure de ce qui est de la couleur, mais qui ne peut être réduit au simple rôle de peinture.
La matière de la couleur est également au centre des réflexions produites à partir de stalactites de couleur séchée que l’on découvre dans les détails de Mimésis. Cette mise en abîme de la couleur dans un espace virtuel, que l’on perçoit seulement lors du passage physique dans l’oeuvre, exclut toute simple représentation. Ici, les impressions sont trop fugaces pour s’expliquer par une simple surface et une seule vision de l’élément coloré. Les réflexions qui se multiplient dans les miroirs de cette installation sont en rapport direct avec la série des Extrusions. Le choix des couleurs de Mimésis se base sur des détails de cette suite. À partir de là il devient clair que les travaux récents de Franck Miltgen entretiennent des relations étroites entre eux qui rendent perceptible la complexité d’une recherche sur ce que la matière de la couleur peut exprimer aujourd’hui.
Christian Mosar dans le catalogue de l'exposition Recent works au centre d'art Nei Liicht
http://franckmiltgen.com/