Mon travail de peintre est une recherche continuelle de stabilité sur un tas de ruines.
La « fouille » de sources et de documents (photographiques ou écrits) est une condition sine qua non pour la réalisation d’oeuvres. Peintre et chercheuse «non-orthodoxe», le détournement d’archives constitue mon métabolisme pictural.
Cette démarche vise à la fabrication d’un univers complexe, à opérer une confusion contemporaine. Les témoignages se mêlent : fiction et réalité, actualité et passé, petites histoires et Grande Histoire. Ainsi le 40e anniversaire de la République Démocratique Allemande devient une histoire d’amour qui finit mal sur les notes d’une chanson pop des années 80, des infirmières de la croix rouge s’activent pour sauver le capitalisme, des pin-up multinationales et mutilées poursuivent leur marche triomphale vers le pouvoir.
Dans cette exhumation d’images, le pouvoir est représenté dans ses manifestations les plus narcissiques et grotesques, dans des images suspendues entre ironie et cynisme. Les traits propres à la réalité ou à la représentation s’effacent. La citation me permet de tisser des allégories du présent, créées à partir des débris culturels de l’Europe.
Les visages de l’Histoire défilent tels des masques dans le grand carnaval de l’humanité.
La peinture est là pour dire l’indicible, montrer l’invisible, perturber les certitudes et avoir le dernier mot.
Giulia Andreani - Note d'intention