Ville de Dudelange - Dominique Lang / Nei Liicht

Peintre, dessinateur et collagiste

Le chaos et puis le silence

Le chaos

La place où tout se trouve. Alors l’artiste y est aussi avec ses outils de pratique artistique, donc l’artiste fait partie du chaos.
C’est une flamme en permanente ébullition qu’il sent, use et analyse. C’est la matière première dans laquelle il peut mettre les mains  et trouver ce diamant brut pour le transformer et le transformer en œuvre d’art. C’est là que le regard sur le monde et sur soi-même, va être modifié. 

A quoi sert la peinture ?

Quand je parle de peinture, je me réfère à ‘imagination de l’image’. Une photo peut être plus proche de la peinture que de la photographie, même si sa matière d’origine est photographique.
Par peinture je veux désigner un système de représentation, avec une longue tradition en occident, dont nous attendons quelque chose qui ne nous arrive pas à travers les autres formes d’art : la capacité d’imaginer.
Toutes les semaines quelqu’un ramène le sujet dans la conversation : la peinture est morte. Mais, la semaine suivante, invariablement, quelque chose nous confirme que, finalement, la peinture subsiste. Et ce n’est pas seulement le marché qui le dit. Ce qui nous conduit à la question suivante : à quoi sert la peinture ?
La peinture sert à imaginer.
Pendant des siècles, la peinture a servi à la définition des contours de la représentation concrète d’un ordre mondial déterminé en lui donnant une image. C’est-à-dire, l’imaginant.

Par la suite, l’art a accompagné les transformations subtiles de cet ordre, en relation directe avec la réalité historique !
Plus particulièrement, après l’invention de la photographie – moment où la peinture peut se passer de la fonction de représenter et, enfin, donner libre cours à son autre fonction, plus noble, d’uniquement imaginer – la peintura s’est orientée vertigineusement vers l’abstrait ou, avec les surréalistes, vers la découverte des paysages de l’imagination endormie et abandonnée à soi-même.

En ce monde nous n’avons pas encore perdu le besoin d’imaginer. Même si avec l’objectif de mieux contrôler les consciences en vue de les orienter vers l’aveuglement de la consommation – des puissantes machines de production d’images accélèrent des procédés de blocage de l’imagination.

La peinture avait déjà imaginé cet état primordial de la matière, bien avant que la science et les techniques l’aient rendue représentative. ‘’L’art rend visible’’ disait le peintre Paul Klee.
Imaginer c’est se rappeler après avoir perdu ce que dans la mémoire est conscience.
Pour cette raison l’art n’est pas mort. Au-delà de la réalité du moment, nous avons
besoin de continuer à imaginer les mondes qui ont existés et ceux qui sont à venir.

C’est à cela que sert la peinture.

Rico Sequeira