Spheres of Silence

18.01.2020 - 23.02.2020

Julie Wagener

Vernissage le 18.01.2020 à 11:30

Nei Liicht

Spheres of Silence 

18.02.2020 - 23.02.2020

Dans son travail, Julie Wagener s’intéresse à la construction du ‘Selbst-Verständnis’ de l’individu au 21ème siècle : la contextualisation de l’existence, la fabrication d’identité et l’appropriation de sens. En observant les mécanismes mis en place par l’ordre social pour se justifier et fonctionner, elle constate que le citoyen en tant que personne pensante et sensible a de plus en plus de mal à vivre de manière équilibrée et durable. Les raisons et conséquences en sont nombreuses et pour sa première exposition monographique, la solitude, le sentiment de détresse, d’abandon et d’aliénation de l’individu face à notre société est au centre de la peinture de l’artiste.

Le nombre de personnes atteintes des ‘maladies modernes’ telles que la dépression, l’isolement pathologique, le burn-out, les troubles insomniaques et anxieux, la toxicomanie et le suicide continue d’augmenter. Et à ce jour, elles subissent un énorme stigma social : ressentis par la masse, mais le plus souvent subis en solitaire, les symptômes d’épuisement, d’isolement ou de désespoir, restent des signes de faiblesse dans un système qui continue à glorifier l’individu ‘super busy’. En plus des crédos toxiques comme ‘happiness is a choice’, qui poussent à consommer et de distraire, renforcent le sentiment de culpabilité.

La stigmatisation et l’isolement qui accompagnent ces maux ne diminuent pas et laissent des traces. Ce sont ces stigmates qui intéressent l’artiste dans ses portraits. 

Placées sur fond neutre, ses figures semblent être dénudées de tout élément narratif. Cependant les regards vides et les mains crispées qui s’accrochent désespérément à quelque chose, en disent long sur leur état intérieur. Ce malaise se traduit dans les carnations blafardes, aux teintes presque cadavériques. Combinées à l’imagerie des membres du corps isolés sur fond noir ainsi qu’au tissu blanc, les peintures évoquent la mort et la désintégration du corps vivant. Parallèlement à ces symboles, le vide s’installe et devient un élément intégral de la composition : ainsi Julie Wagener témoigne de manière très concrète de la séparation de l’individu et du corps social. 

A première vue, les scènes évoquent le calme, un air d’innocence et un sentiment de fragilité et pourtant, elles sont lourdes de violence sous-jacente, reflet d’un système accablant, menaçant et néfaste.

Les oeuvres de Julie Wagener ne prétendent pas apporter de solution à l’énorme pression qui pousse les êtres humains à fonctionner selon des normes définies et dans des conditions qui les paralysent. L’artiste observe, constate et s’abstient de tout jugement. Ce faisant, elle laisse la possibilité à tout un chacun d’explorer ses propres sentiments, son malaise et ses angoisses. En rapprochant le visiteur à des personnages vulnérables, Julie Wagener espère ouvrir une porte au dialogue, à l’empathie et à la solidarité, et à un changement des mentalités.

LK