Luc Ewen

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Photographe plasticien


En intervenant sur la photo, en modifiant le négatif ou le positif par des moyens chimiques, techniques ou plastiques, Luc Ewen révèle la vraie nature de sa photographie. En d’autres mots, sans l’intervention, l’image n’existe pas. Ou encore autrement: la modification est le motif de la prise de vue dans un sens double qu’elle constitue le thème de l’image. Ce qui suppose, on s’en doute, un choix très précis au niveau de la prise de vue. Ainsi le rôle du hasard est considérablement moins important qu’on ne serait tenté de croire.
Mais si l’on sait que Luc Ewen se refuse à intervenir sur une image qu’il n’a pas créée lui-même, on mesure aussi l’importance primordiale que revêt pour lui la prise de vue. L’autodétermination de l’artiste est extrêmement prévoyante et il n’est pas étonnant dès lors que le temps se situe au centre de l’oeuvre de Luc Ewen. Le temps personnel surtout, celui que ses autoportraits veulent retrouver dans les limbes d’une mémoire qui reste présente dans son effacement même. Luc Ewen découpe des parcelles dans le temps et tente de la réanimer, de lui insuffler une seconde vie esthétique. La modification s’élève en métamorphose, les hantises se muent en visions et le masque de l’apparence extérieure se transforme en miroir de passage. 
François Olivieri 

Lost memories 2009

Photographies 1978 - 2005

La mémoire qui flanche


Rarement un titre aura été si pertinent. «Lost Memories» est une plongée intime, presque psychanalytique, dans les souvenirs du photographe et plasticien luxembourgeois. Il a fouillé ses archives à la recherche de fragments de mémoire perdus, comme des bouées auxquelles mieux accrocher le présent.
On avait récemment suivi le travail de Luc Ewen autour de la chronique Skvozniak, avec cette manière si particulière de présenter des archives et des légendes fabriquées de toutes pièces. Ce projet faisait sourire par son inventivité et forçait le respect par sa qualité plastique : ce mélange étonnant de vrais-faux documents, de photographies originales trafiquées et de textes alambiqués.
Déjà, avec L'Homme de Blar (réalisé avec Jean-Luc Koenig à partir de 1995), on avait compris la fascination de Luc Ewen pour la fouille minutieuse des sols, réels ou figurés, pour l'archive et la sédimentation. Pour cette exposition - et pour le livre qui l'accompagne - ce n'est pas un personnage fictif ou imaginaire qu'il a exhumé mais sa propre vie : «J'ai revisité mes archives pour mieux voir mon évolution.»
Rien de moins que 20 à 30 000 négatifs qui constituent le fonds de l'artiste depuis 1978 et ses premières images. «Attention, prévient-il à ceux qui en douteraient, rien n'est classé, rangé, étiqueté, daté ou répertorié». Le voilà donc en apnée dans une vertigineuse plongée dans son passé. Il cherche à se souvenir, il attrape des bribes de mémoire et collectionne les instants........

France Clarinval, 2009

www.4art.lu/page_ewen_main.htm
  • 01 [1988 (?), Cararra, I ] Art. R. 4323-63. du code de travail français : «Il est interdit d’utiliser les échelles, ...». Ah bon, et alors ?, 109 x 109 cm
  • 02 [ après 1984, Kulturfabrik, Esch-sur-Alzette, L ] Voles, voles, ......, 149 x 94 cm
  • 03 [fin des années 80, Kulturfabrik Esch-sur-Alzette, L ] Et que ma main se colle sur ta peau. 58 x 58 cm
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